Je m’appelle Sylvain Martin. Je suis éditeur.
J’ai co-fondé Indigraphe avec une conviction simple : les récits ont le pouvoir de réinventer nos existences. Pas les slogans. Pas les dogmes. Les récits. Ceux qui nous traversent, nous bouleversent, nous relient. Ceux qui nous donnent envie d’aimer plus fort, de vivre plus juste, de marcher autrement dans ce monde.
Je crois que notre civilisation est en train de basculer. Et, pour l’accompagner avant qu’elle ne s’effondre, il faut écrire d’autres histoires. C’est en cela que tient ce manifeste Indigraphe.
🌿 Le récit dominant craque
Comme vous, je suis né et j’ai grandi dans une société qui enseigne que le bonheur est au bout de la performance, de la propriété, de la croissance. Que l’on vaut ce que l’on produit. Que le progrès technique va tout résoudre. Que la nature est une ressource. Et que la réussite est individuelle.
Ce récit-là nous a éloignés de l’essentiel. Il a provoqué des ravages visibles et invisibles : une crise climatique, une crise du sens, une crise de la relation.
Ce récit, aujourd’hui, craque de partout.
🔄 Le nouveau récit que j’appelle dans ce manifeste Indigraphe
Un autre récit est nécessaire et possible. Il commence par une inflexion intime, un retour à la justesse. Dans celui-ci :
- La nature n’est plus un stock, mais un partenaire.
- Les limites deviennent des seuils de pertinence, pas des obstacles.
- La sobriété s’élève au rang de richesse, la lenteur devient art de vivre.
- On n’ambitionne plus de tout maîtriser, mais d’habiter pleinement l’économie du vivant.
On ne peut pas imposer ce récit. Mais on peut le semer, l’incarner, le propager. Et le livre, outil de réflexion et de partage intemporel, reste l’écrin idéal, l’un de ses vecteurs les plus puissants.
📖 Pourquoi je publie
Un livre, pour moi, n’est pas un simple produit. C’est un espace. Un espace de réflexion, de transformation, de déclenchement. C’est une main tendue entre un auteur et un lecteur, un fil tendu entre deux intimités.
Je publie pour ça : pour que des voix émergent. Pour que des histoires portent autre chose que le bruit ambiant. Pour que la complexité retrouve sa place. Pour que le sensible, le subtil, le profond, puissent encore circuler.
Je crois à l’émotion comme levier de conscience. Je crois aux livres compagnons.
À ceux qu’on garde. Qu’on relit. Qu’on offre. Je crois à la littérature quand elle ne cherche pas à seulement plaire mais à explorer, évoquer.
🌧️ Ce que j’ai appris
Le lancement de Indigraphe ne fut pas un long fleuve tranquille. Les débuts ont été fragiles, maladroits. J’ai fait des erreurs, rencontré des échecs. J’ai voulu bien faire, mais sans les bons outils, sans l’expérience et sans la rigueur nécessaire.
Certains auteurs m’ont fait confiance alors que je n’étais pas encore en mesure de les accompagner comme ils le méritaient. Certains livres n’ont pas rencontré leurs lecteurs, non parce qu’ils étaient faibles, mais parce que je n’avais pas su leur donner la visibilité ou le cadre qu’ils exigeaient.
Aujourd’hui, je regarde ce passé sans regret mais avec lucidité. Ces expériences m’ont formé. Elles m’ont appris l’humilité, la constance, l’exigence.
Ce manifeste est l’expression de ce que je veux construire désormais. Avec clarté, avec profondeur, avec fidélité à mes engagements.
🔧 Mon métier d’éditeur
Être éditeur, pour moi, c’est accompagner des voix qui comptent.
C’est recevoir un manuscrit comme on reçoit une confidence. Écouter ce qu’il dit, mais aussi ce qu’il cherche encore à dire. Travailler le texte, non pour le normaliser, mais pour qu’il révèle sa vibration la plus juste.
C’est un artisanat d’art. Un travail d’atelier. Je taille, je façonne, je relis, je relance, je suggère. Pas pour imposer une forme, mais pour faire émerger celle qui portera au mieux l’intention de l’auteur. Je ne suis ni un correcteur, ni un censeur, ni un directeur artistique. Je suis un compagnon de création.
Je crois que chaque livre demande une posture différente : parfois de la fermeté, parfois de la délicatesse, toujours de l’engagement.
Je me tiens aux côtés des auteurs, pas au-dessus. Je ne veux pas leur prendre la main, je veux leur offrir un appui. Une présence. Un regard exigeant et bienveillant.
Être éditeur, c’est aussi prendre la responsabilité de ce que l’on met dans le monde. C’est dire : cette œuvre mérite d’exister. Elle évoque quelque chose d’important, de sensible, de nécessaire.
Et pour cela, il faut du temps, de l’écoute, de la loyauté. Et une immense fidélité à l’intuition de départ.
🖐️ Ce que je défends
Je défends dans ce manifeste Indigraphe une édition lente. Pas pour ralentir par posture, mais parce que les bons textes prennent du temps. Parce que les lecteurs méritent de l’attention. Parce que les livres doivent être pensés, pas simplement produits.
Je défends une édition alignée. Une maison qui ne publie pas de titres contraires à ses valeurs. Qui refuse les textes racistes, complotistes, climatosceptiques, sexistes ou violents.
Je défends une édition éthique. Avec des auteurs considérés comme des partenaires. Avec des graphistes, maquettistes, imprimeurs traités avec respect. Avec une attention constante à notre impact environnemental.
Je défends une édition reliée. Qui ne s’isole pas dans sa tour d’ivoire. Qui parle aux lecteurs. Qui travaille avec d’autres maisons. Qui contribue humblement à un réseau de bibliodiversité.
🌿 Pour conclure
Je ne sais pas si les livres changent le monde. Mais je sais qu’ils changent des regards. Et qu’à force de regards neufs, le monde peut bouger.
Indigraphe est ma façon d’être utile, sensible et politique à la fois. C’est ma manière d’offrir un peu de lenteur, de profondeur, de lien. C’est mon espace de résistance créative.
Ce manifeste est la pierre d’angle d’un renouveau. Dans les mois et années à venir, Indigraphe portera cette vision dans chaque collection, chaque livre, chaque lien tissé. Les projets sont en germe. Ils mûrissent. Ils viendront au monde avec la même exigence que ce texte.
J’espère que vous y trouverez des compagnons. Des récits qui vous accompagnent, vous questionnent, vous allument. Et peut-être, parfois, vous bousculent.
Manifeste Indigraphe – L’édition inspirante
Pour des récits qui ouvrent des mondes
Sylvain Martin, éditeurSylvain Martin, éditeur
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